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10 Jun

légende du lac du Maurs

Publié par soleil365  - Catégories :  #Poémes

La légende du Lac du Maurs près de Vezels-Roussy.

 

D'aucuns, pour le moins cartésiens, réfutent en bloc la mystérieuse histoire qui hante ce lac à l'apparence si paisible, d'autres, certes minoritaires, affirment avec force conviction que ce plan d'eau recèle une épopée quelque peu funeste méritant d'être contée aux générations futures si elles daignent un temps soit peu tendre l'oreille.

Cela se passait vers la fin du Moyen- Age dans les années 1640 au temps du Tiers-Etat, du Clergé et de la Noblesse que remonte cette anecdote on ne peut plus singulière et lugubre tout à la fois.

Cette histoire s'est transmise par voie orale dans les foyers paysans le soir à la veillée tout près de la cheminée au cœur de l'hiver et par conséquent ne figure dans nul ouvrage à caractère fabulesque.

La vallée fortement encaissée témoignait jadis de 2 castels sis respectivement de chaque côté sur des promontoires rocheux d'où l'on pouvait observer du haut des tours de guet l'arrivée inopinée des ennemis et des pillards qui n'avaient pas le moindre scrupule à s'attaquer aux places fortes. L'un des castels appartenait à la famille d'Aurières et celui d'en face à la famille de Canteraine. Les 2 manoirs étaient distants de quelques 200 mètres à vol d'oiseau, ce qui permettait d'échanger les informations à haute voix sans même se déplacer à cheval, notez la commodité d'un tel mode de communication !

Comme dans de nombreuses contrées, le Seigneur de chaque castel était jaloux l'un de l'autre, ce qui valait beaucoup de rivalités et d'embuscades, bref aux dires des témoins, on était loin de l'entente cordiale.

« Cucul la Praline » criait le Seigneur d'Aurières au Suzerain de Canteraine et ce dernier, pardi, de répondre sur un ton grivois : « Montre le tien que je lui décoche un carreau d'arbalète à l'endroit précis par là où tu décharges ton crottin ! ». En ce temps-là, les propos graveleux des Seigneurs illettrés ne manquaient pas de vocabulaire truculent, imagé pour déstabiliser l'adversaire.

Un jour, le Seigneur d'Aurières, bien plus aisé que son rival, sermonna son épouse au sujet de la dote qu' elle avait léguée lors de leurs épousailles. Mi-patois, mi-français, le Seigneur dit à sa femme avec une insolence à vous couper le souffle : « Toi, tu n'as apporté ici dans ce castel que le cul et les dents, sois diligente et passe porte ! ». Celle-ci, pensez ! , courroucée et outrée, s'en alla trouver refuge chez le Seigneur de Canteraine afin de provoquer son époux et c'est ainsi qu'ils commirent le péché de chair. Et 9 mois plus tard, arriva... devinez quoi ? Un bébé peuchère. Le Seigneur d'Aurières était aux anges, c'était son premier fils du moins le croyait-il ! Fichtre, la descendance était donc assurée !

Quelques mois passèrent et vint la saison automnale... la saison de la chasse à courre.

Un jour, en fin de soirée, le Seigneur d' Aurières rentra de la chasse avec en guise de trophée un cerf majestueux – rendez-vous compte ! Les bois du cerf portaient 12 cors – ce qui était fort rare, ce petit détail mérite d'être cité car à l'époque la gestion cynégétique n'existait pas.

Le Seigneur voulut conserver la ramure et la fit poser contre le mur de sa chambre au dessus de son lit. Il était fier comme Artaban d'avoir « terrassé » à l'arme blanche en l'occurrence au poignard ce cervidé et il prit son « fils » dans les bras et lui montra tout orgueilleux le trophée ( la ramure).

Mais la mère du Seigneur d'Aurières encore en vie et loin d'avoir perdu le Nord se doutait bien qu'il y avait anguille sous roche concernant la conception de son « petit-fils ».Toute dépitée, la mère dit à son fils : « Tu as l'air fin avec ces bois de cerf au dessus de ton lit, remarque, tu les mérites bien car tu es cocu ! ». Fou de rage, le Seigneur d'Aurières fit attacher sur le champs sa femme et le bébé sur une charrette et ordonna que l'on la conduisit au Lac du Maurs. Du sommet de la falaise, il jeta l'enfant puis sa femme dans le Lac qui se noyèrent. Et la légende dans l'affaire...

Eh bien, chers amis, on dit, on murmure, on chuchote, mais cela il ne faut le répéter à personne, c'est un secret, qu'à la pleine lune du mois d'octobre de chaque an, aux alentours de minuit, on entend encore si on ne fait aucun bruit dans le Lac du Maurs la pauvre mère et son bébé gémir avant de mourir.

C'est une légende de la Haute-Auvergne parmi tant d'autres, où la nature et hommes de la terre dans leur écrin carladézien ne se disputent pas mais savent se parler en parfaite osmose...

 

Christian MARTY

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